eTME (élimination de la transmission mère-enfant) du VIH : Sedhiou montre la voie

La région de Sedhiou n’échappe pas à certaines spécificités particulières de la zone sud du Sénégal . D’importants mouvements de populations y sont notés du fait de la proximité d’autres pays limitrophes que sont la Gambie ou la Guinée. Et pourtant, cela  n’empêche pas la riposte d’afficher des résultats encourageants en particulier en ce qui concerne l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH.

La mise en œuvre de stratégies innovantes basées sur le tatarsen a en effet permis ces dernières années de renverser la tendance. La première étape est le dépistage. Des équipes de prestataires composées de médecins et de techniciens de laboratoires, n’hésitent pas à se déplacer jusque dans les zones les plus reculées. Une méthode qui permet la confirmation une fois le dépistage effectué

Cette première étape essentielle du tatarsen effectuée, la seconde est aussitôt entamée et la prise en charge déclenchée. Et pour prévenir les abandons dus aux difficultés financières des femmes enceintes sous ARV, des comités de santé  se cotisent pour rembourser leur transport. Cette stratégie revêt une importance capitale car << la disparition des femmes empêche de connaitre le statut du nouveau-né à la délivrance de la mère. >> Comme le souligne Madame Ndeye Khady Diouf Kane Chargée de l’eTME au district sanitaire de sedhiou.

Un autre écueil réside au niveau des accouchements à domicile très fréquent dans cette parte du pays. Mais là aussi il s’agit de limiter les risques. Ainsi, des relais au niveau des différentes zones se chargent du recensement des femmes en état de grossesse. Des professionnels se chargent d’apporter l’assistance nécessaire dès l’annonce de la naissance. Car poursuit Madame Kane : << c’est pendant les trois premiers jours qu’on enregistre les décès. De ce fait si le dépistage n’avait pas été fait c’est à ce moment qu’il s’agit de s’en occuper >>.

Par ailleurs, comme s’ils se sont donné le mot, la lutte pour atteindre l’élimination de la transmission mère-enfant du Vih enregistre aussi l’engagement des acteurs communautaires. C’est le cas avec l’association DONDO LOLOO (étoile du savoir en mandingue) qui intervient dans la riposte depuis 2005 avec l’appui de l’ANCS (alliance des communautés pour la santé).

M. Mamadou Cissé qui coordonne cette association  basée à Sedhiou insiste sur l’implication réelle de tous y compris des collectivités locales. En ce qui concerne l’eTME, de nombreuses stratégies sont déroulées. Le constat avait été fait de l’arrivée tardive de femmes enceintes au niveau des structures de santé.

Pour en finir avec cette habitude un « tableau lumière » est disposé dans chaque poste de santé. Une fiche qui récapitule la situation sanitaire et sur laquelle est inscrite la date du rendez-vous suivant. « Cela est maintenant devenu un réflexe chez les femmes qui se dirigent vers ce tableau sitôt arrivées au poste »selon Cissé. Cette stratégie, poursuit notre interlocuteur se déroule en même temps que le programme dit « grand-mère » Cette dame est la confidente traditionnelle de la jeune mariée qui arrive à son  domicile conjugal. Elle est sensibilisée sur la question et se charge d’encadrer la femme enceinte en veillant au respect scrupuleux des dates de rendez-vous.
A  toutes ces stratégies s’ajoutent des activités de sensibilisation à travers des sketches destinés à impliquer les époux.

Les acquis d’une telle mise en œuvre donnent des résultats .L’enquête de 2014  donne à Sedhiou un taux de transmission de 2.1 là où le reste du pays  était à 4.1.
La riposte au VIH reste une affaire de tous et le cas de Sedhiou en est une illustration parfaite. L’objectif de zéro enfant né avec le VIH n’est plus une utopie mais une réalité concrète dans cette partie du Sénégal en dépit des moyens limités.Des raisons à l’optimisme affiché des acteurs en ce qui concerne le Tatarsen (test and treat and retain/Sénégal) et l’objectif d’en finir avec le sida à l’horizon 2030.