VACCIN CONTRE LE SIDA : La communauté scientifique optimiste

Les vaccins contre le VIH/Sida ne sont plus hors de portée, estime aujourd’hui la communauté scientifique. Vaccins préventifs ou thérapeutiques, les essais se multiplient sur plusieurs fronts. Le point avec le Pr Jean-Daniel Lelièvre, chercheur Inserm à l’hôpital Henri Mondor et au labo d’excellence VRI  dans une interview accordée au site d’actualité français Ouest-France,

Pourquoi est-il si compliqué d’obtenir un vaccin contre le VIH/Sida ?

Déjà, le système s’attaque au système immunitaire et le rend moins efficace (alors que le système immunitaire, notamment, doit combattre les virus). De plus, il se réplique très vite et mute (se modifie) très vite. On peut être infecté par seulement quelques exemplaires du virus. Mais très vite, le système immunitaire doit se défendre non pas contre un virus mais contre des variantes  du virus. On s’est aperçu qu’on ne connaît pas de gens infectés qui, spontanément, ont pu se débarrasser du virus. Contrairement à d’autres infections, comme l’hépatite B.

Quelles sont les stratégies pour obtenir un vaccin contre le VIH ?

Il faut distinguer les vaccins préventifs qui empêcheraient l’infection, et les vaccins thérapeutiques, qui soignent l’infection. Dans tous les cas, on va stimuler le système immunitaire avec quelque chose qui ressemble au virus, mais qui n’est pas le virus lui-même.

Dans le cadre d’un vaccin préventif, cela passe par ce qu’on appelle par la simulation d’anticorps, des protéines synthétisées par des cellules appelées lymphocytes B. Leur principal mécanisme d’action est d’empêcher un virus d’entrer dans la cellule et l’infecter.

Dans le cadre d’un vaccin thérapeutique, on va stimuler d’autres cellules, les lymphocytes T pour aller détruire les cellules infectées et les empêcher de produire des virus (un virus «

Une troisième population de malades est elle aussi très intéressante, ceux qu’on appelle contrôleurs post-traitement. Ce sont des gens traités très tôt après l’infection. S’ils sont traités assez longtemps, 5 à 10 ans, 20 % d’entre eux contrôlent la réplication du virus, mais d’une façon différente des élites contrôleurs. Cela confirme qu’il est important de dépister et de traiter très tôt, avant que le système immunitaire soit affaibli par le virus.

.Quels sont les essais sur l’homme les plus avancés actuellement ?

Celles d’un vaccin plus classique. Avec des protéines mimant le virus. L’essai RV 144 ou essai thaï (en 2009), a montré qu’en utilisant une combinaison de vaccins on avait une protection de 35 % dans des populations très à risque, mais avec une perte au cours du temps de la protection vaccinale.

Ce type de vaccins est plus simple et pourrait être une première approche de vaccination de masse, dans les pays à l’incidence importante. Même s’il ne marchait qu’à 50 % ce serait un grand pas. Il y a un grand essai de ce type en Afrique du Sud. Avec un peu plus d’injections, ils espèrent justement arriver à 50.

Dans un premier temps, on aura sans doute un vaccin qui n’est efficace qu’à 50 %. Il peut être utile dans les pays ou l’endémie est importante ou pour les populations très à risque. Pour la piste des anticorps à large spectre, on en est aux premiers résultats chez l’animal mais les résultats sont intéressants. Il est difficile de faire des prédictions. Il y a une dizaine d’années, on était dans le noir, sans perspectives. Là, on a des perspectives sérieuses et on peut y arriver avec les techniques actuelles.

Avec Ouest-France