Démédicaliser la riposte: pourquoi et comment ?

La démédicalisation a été un des thèmes majeurs de la conférence Afravih 2018. Pourquoi est-il si important de s’orienter de plus en plus vers la démédicalisation ? Comment y arriver ?

En 2018, le monde est à deux ans d’atteindre les objectifs d’accélération vers les 90-90-90 lancés par ONUSIDA en 2014 et prévus pour 2020. L’urgence est réelle : L’Afrique de l’Ouest et du Centre accuse un retard particulièrement fort: 3 personnes sur 4 n’ont pas accès aux ARV et 1 décès sur 4 lié au sida dans le monde survient dans la région . 21% des nouvelles infections dans le monde.

Dans des pays aux ressources limitées, la mise en œuvre de l’accélération de la riposte a permis de poser sur la table l’option de la démédicalisation. Il s’agit de déléguer une tâche jusqu’alors dévolue aux médecins à d’autres travailleurs de santé notamment des infirmiers et infirmières et aux agents de santé communautaires (ASC) du système public et ceux des associations communautaires.

-Dépistage communautaire :

Selon les recommandations officielles de l’Organisation Mondiale de la santé(OMS) : Les agents communautaires ayant reçu une formation peuvent, en utilisant des tests diagnostiques rapides, délivrer de manière autonome des services sûrs et efficaces de dépistage du VIH. Une plus grande capacité à établir avec les populations clés des relations de confiance : la proximité des agents communautaires avec les groupes clés desquels ils sont issus favorise la confiance et le dialogue. Elle impacte ainsi positivement la réduction de la stigmatisation, encore bien présente et dans certains centres de santé classiques notamment dans des contextes où la prostitution, l’homosexualité et l’usage de drogues injectables sont criminalisés.

-La prophylaxie pré-exposition (PrEP)

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l’utilisation de la PrEP pour « les personnes à risque élevé d’infection à VIH », soit chez les populations au sein desquelles la prévalence dépasse 3% en l’absence de PrEP toujours selon l’OMS,

« les associations à base communautaire, particulièrement celles qui travaillent avec les populations clés – devraient jouer un rôle important dans le déploiement de la PrEP en impliquant les personnes les plus à risque, fournissant de l’information sur la disponibilité de la PrEP et promouvant le lien entre les fournisseurs de PrEP et les services sanitaires, sociaux et communautaires de soutien ».

– L’autotest: un outil prometteur mais des prix prohibitifs

 L’ONUSIDA en 2014  estime que : « Des initiatives de dépistage proactives sont nécessaires avec l’utilisation d’un large éventail d’approches de soutien et de dépistage du VIH y compris l’autotest » L’autotest permet à une personne qui veut connaître son statut VIH d’effectuer un test – par un échantillon salivaire ou une goutte de sang – et d’en analyser le résultat seule et en privé. Plusieurs modèles de distribution des autotests existent et certains impliquent la présence des ASC dans la distribution, le conseil pré-test ou le conseil post-test. L’un des avantages majeurs de l’autotest est la confidentialité qu’il garantit, ce qui en fait un outil complémentaire de dépistage particulièrement attractif pour les populations clés criminalisées..

Source  : Coalition plus