PREVENTION DU VIH : Prep, les secrets du traitement anti-Sida 

Pour davantage limiter la propagation du Sida, il y a une nouvelle méthode de préventionaux côtés du préservatif. Appelée Prophylaxie préexposition (Prep), le traitement est destiné aux personnes n’ayant pas le Vih et n’utilisant pas systématiquement le préservatif. Au Sénégal, la phase pilote s’est révélée concluante.

Dans le milieu de la prévention du Vih, l’espoir est grand, mais la prudence est de mise. C’est une véritable révolution dans la lutte contre la propagation du Sida. Peu connue au Sénégal, la Prophylaxie pré-exposition (Prep) vient  s’ajouter à la panoplie de prévention du Vih.

Il s’agit d’un traitement  préventif visant à éviter la contamination lors d’un rapport sexuel non protégé.

Cette nouvelle stratégie de prévention du Vih est expliquée par Dr  Safiétou Thiam, Secrétaire exécutive du Conseil national de la lutte contre le Sida (Cnls).

Elle dit : « La Prophylaxie pré-exposition (Prep) est un traitement préventif pour empêcher une infection de se produire. C’est un médicament qu’on prend pour prévenir une maladie. Une autre méthode qu’on va encore ajouter à la panoplie de méthodes de prévention du Vih. Comme on a le préservatif, l’abstinence, la fidélité, mais il y a toujours des gens qui ne seront pas fidèles. Il y a des gens qui ne vont pas prendre de préservatif. Il y a aussi des gens qui ne vont pas s’abstenir. La Prep, c’est une méthode de prévention, mais ce n’est pas pour tout le monde, c’est pour les personnes qui sont à risque. C’est pour donner à tout le monde la chance de pouvoir se protéger qu’on a pensé à la Prep. »

Pour davantage limiter les ravages du Sida.

« Toutes les personnes qui ont des relations avec des partenaires qui ne connaissent pas leur statut sérologique et qui ne se protègent pas, sont des personnes à risque »

Dans le monde médical sénégalais comme ailleurs, la Prep suit son bonhomme de chemin.

Déjà, il y a eu une phase pilote, il y a deux ans de cela, et son efficacité a été prouvée.

« La phase pilote a été concluante et nous l’avons adoptée, affirme l’ancien ministre de la Santé, Dr Safiétou Thiam.  Pour le moment, nous avons une toute petite expérience. Nous avons testé la faisabilité et l’acceptabilité.

Nous pourrons l’ajouter à notre panoplie de préventions. » Comme certains médicaments protègent du paludisme ou comme une pilule contraceptive prévient d’une grossesse non-désirée. Ainsi, le facteur risque est incontournable dans la Prep.

« Des personnes ont participé à la phase pilote, mais ce n’est pas beaucoup par rapport au nombre de personnes qui pourraient avoir besoin de ça comme méthode de prévention, explique Dr Thiam. Cela dépend du choix de la personne.

Beaucoup de gens n’auront pas besoin de Prep, mais le médicament existe parce qu’il est aussi utilisé dans la prise en charge. Avant de recommander la Prep, on évalue son risque vis-à-vis du Vih.

Si on voit que c’est une personne très à risque, on peut lui proposer la Prep pour se protéger et protéger ses partenaires.

Toutes les personnes qui ont des relations avec des partenaires qui ne connaissent pas leur statut sérologique et qui ne se protègent pas, sont des personnes à risque. »

« La Prep est sûre à 100%, elle a été bien étudiée et c’est efficace »

Ces personnes à risque, des adultes pour la plupart, sont donc prises en charge par des spécialistes qui ont aussi un rôle de sensibilisation. Au-delà de la population, il y en a dans le corps médical, selon Dr Thiam, des médecins qui ne sont pas au courant de cette méthode de prévention. « Il y a des services qui ont été déjà formés et qui ont commencé à la prescrire.

Pour le moment, nous sommes en train de former les prestataires, d’acheter les médicaments, de proposer cela aux patients, de sensibiliser parce qu’il y a des gens qui en ont besoin, mais qui ne savent même pas que ça existe. Nous avons formé 60 prestataires sur la Prep.

Il y a même un Guide national sur  comment utiliser la Prep. Comme c’est une nouvelle stratégie, nous y allons avec prudence. La Prep est sûre à 100%, elle a été bien étudiée et c’est efficace », jure Dr Thiam.

Mais il faut impérativement l’accord du patient.  Quand un patient se déplace vers un centre habilité, il y a tout un chemin qui mène à la Prep. « Ce sont les médecins qui prescrivent les médicaments en général.

Les médecins sont formés pour proposer des dépistages. Comme c’est pour des gens séronégatifs, il faut forcément qu’ils fassent le dépistage pour connaître leur statut sérologique. S’il est négatif, on évalue le risque vis à-vis du Vih.

Si ton risque, c’est que tu vas fréquenter des prostituées avec un préservatif, le risque est moindre. Dans le cas contraire, tu es très à risque et là, on te recommande le préservatif, si tu n’en veux pas, on te propose la Prep.  Mais, nous ne pouvons pas contraindre les gens à le faire. »

« Nous ne voulons pas que les gens arrêtent de mettre des préservatifs parce qu’il y a la Prep »

Même si la Prep suscite énormément d’espoir au sein du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), il y a aussi des craintes. « Le monde est orienté vers l’élimination du Sida, parce qu’il y a de plus en plus d’autres maladies qui émergent. La Prep n’est pas pour remplacer le préservatif, mais pour compléter la panoplie de préventions.

Nous ne voulons pas que les gens arrêtent de mettre des préservatifs parce qu’il y a la Prep. » Un traitement gratuit, mais qui n’empêche pas la transmission d’autres maladies sexuellement transmissibles.

Dr Safiétou Thiam est aussi responsable des Programmes du Fonds mondial de lutte contre cette pandémie. «Les  médicaments sont pris en charge par notre partenaire qui est le Fonds  mondial. C’est gratuit dans les pharmacies des districts. Le service de référence se trouve à la Polyclinique de la Médina (Dakar). Le médicament utilisé dans le traitement s’appelle Truvada.

Il s’agit d’une petite pilule bleue  qui peut être prise quotidiennement comme un traitement régulier, jusqu’à  ce qu’il n’y ait plus de risques. Surnommé «le préservatif oral» par les  médecins, le médicament vient bloquer la transmission du virus du Sida dans  le corps humain.

CODOU BADIANE

Prophylaxie post-exposition (Ppe) pour les médecins

Comme la pilule du lendemain, la Prophylaxie post-exposition (Ppe) ou Traitement post-exposition (Tpe) est surtout destinée aux médecins en  contact avec des patients porteurs du virus.

Selon Dr Safiétou Thiam, quand  un médecin consulte un porteur de la maladie et qu’il se blesse, il y a des  chances que la blessure soit au contact d’une sécrétion qui peut l’infecter.  Ainsi, la Ppe est un traitement pris dans les heures qui suivent la prise de  risque. Elle réduit de façon importante le risque de contamination par le  virus.

Ce traitement d’urgence qui dure un mois doit être pris au plus tard  dans les 48 heures après un risque.

C.BADIANE

SOURCE: L’OBSERVATEUR